RECHERCHES SUR MORE.                          Q3
Béjjurd avait été marraine d'un des fils de Boudet1 et ces deux circonstances prouvent la liaison qui existait entre Molière et sa sœur Madeleine. Il la perdit au mois de mai 1665 et il est à remarquer que les enfants de Marie Cressé avaient tous hérité de la faible constitution de leur mère, morte à trente et un ans: trois de ses enfants étaient décédés en bas âge; Jean Poquelin., frère cadet de Molière n'avait pas atteint sa trente-sixième ane ; Madeleine, femme de Boudet, s'éteignait dans sa trente-septième, et Molière l'aîné de tous, souvent malade, devait être enlevé à l'âge de cinquante et un ans. Après la mart de sa femme, André Boudet s'absente pendant deux ans et charge son beau-père de rer son fonds de marchand ta­pissier. Le compte arrété entre eux à son retour2 constate qucette époque Jean Poquelin n'avait pas encore achevé de payer la dot de sa fille, qu'après la mort de son second fils, il avait loué à Boudet la maison des piliers des halles et qu'il était venu demeurer rue Comtesse d'Artois. Il semble qu'en rendant ses comptes à son gendre, Jean Poquelin au­rait dû avoir à lui remettre l'argent des bénéfices faits pen­dant son absence, mais c'est le contraire ; les dépenses avaient de beaucoup surpassé les recettes, puisque c'est Boudet qui redoit treize cent cinquante neuf livres à Jean Poquelin, tout en se trouvant payé des trois mille deux cents livres qui lui restaient à toucher sur la dot de sa femme. Les marchan­dises achetées par Jean Poquelin compensaient peut-être cette différence considérable, cependant cet arrêté de compte semble plutôt indiquer une situation commerciale très-em­barrassée.
Les relations d'affaires et d'inrêts entre Molière et son re se déduisent clairement par un examen minutieux des» documents qui les constatent; pour les faire bien comprendre,. il est nécessaire de recourir aux formes de la comptabilité, mais si ces chiffres sont absolument indispensables, ils trou-
1.  Beffara, Diuertation sur MùHçre, page 12.
2.  Document n° XXXIV.,